Turikumwe au Tchad

Le temps du développement

Rappel historique

Les premiers contacts avec le Tchad remontent à il y a quelques années. Informé de la progression du projet Turikumwe au Burundi, le président de la Fédération Tchadienne de judo, prend contact avec nos équipes pour solliciter notre soutien. Abakar Djermah a également eu des informations au travers d'une jeune infirmière française qui vient régulièrement travailler au Tchad et vient faire du judo dans les clubs de la capitale. Il se trouve que Abakar se souvient aussi de la visite de Bernard Messner, il y de nombreuses années, qui était venu encadrer un stage dans la capitale dans le cadre des missions qu'il faisait en Afrique. Il n'en fallait pas plus pour que l'idée de développer le projet Turikumwe au Tchad ne germe dans l'esprit de nos équipes. En octobre 2009, Abakar vient assister au Séminaire Judo for Peace, à Bujumbura, l'aventure commence.


Un soutien de taille

Grâce à la Coopération Française

La Coopération Française est très présente au Tchad depuis l’indépendance en 1960 de part ses liens historiques avec le pays. Active dans divers domaines, elle est très visible dans ces actions en faveur de l’éducation, l’enseignement supérieure, la culture, la jeunesse et le sport. Une politique suivie et coordonnée d’aide et de formations en direction des fédérations ayant un fort potentiel a permis de faire émerger de nouveaux athlètes qui peuvent ainsi donner une nouvelle image de ce pays trop longtemps marqué d’une image peu flatteuse dans les médias étrangers. Cette nouvelle opération d’envergure menée avec la fédération Tchadienne de Judo, les éléments français du Tchad (armée française) et quelques partenaires économiques privés à pour but principal d’offrir aux populations tchadiennes déplacées, suite au conflit du DARFOUR et à l’arrivée massive de réfugiés, la possibilité d’une médiation par la pratique d’une activité sportive valorisante. Active et volontaire depuis quelques années la FTJ possède toutes les capacités pour mener à bien ce travail tant social que sportif : présence d’un encadrement, possibilité d’avoir des salles… La zone d’ABECHE, dans l’Est du pays a donc été choisie pour cette expérience. A noter que la coopération française est très impliquée dans le renouveau du judo au Tchad de part la volonté de l’ambassade et du conseiller mis à disposition du Ministre de la Culture, de la Jeunesse et des Sports. La réussite de cette première expérience sera la porte ouverte à d’autres sites dans les provinces du pays.


Un climat de confiance

Le judo tchadien bénéficie de plusieurs soutiens pour lui permettre de sortir du lot après 40 années de difficultés dans un pays qui n’a pas été épargné: conflits récurrents, famines sécheresses, etc.…. Autour du dynamique Président de la fédération, un climat de confiance s’est instauré grâce à la diplomatie efficace du conseiller de l’ambassade de France auprès du Ministre des Sports (France Coopération). En effet un travail patient de mise en relation sur des projets de petits championnats, d’accès des plus jeunes à la discipline et d’acquisition de matériel, a permis au fil des années d’amener les sponsors à comprendre les enjeux du judo pour le pays et donc à le soutenir. C’est ainsi que les brasseries du Tchad, l’opérateur téléphonique TIGO, la société de transport SDV, la banque Société Générale Tchad… ainsi que les autorités politiques, militaires (EFT) et institutionnelles se sont regroupés pour faire vivre le judo de haut niveau dans le pays. De même, l’Institut National de la Jeunesse et des Sports (INJS), n’a pas hésité à mettre à disposition ses infrastructures pour recevoir les stages de la fédération. C’est d’ailleurs pour remercier cet Institut et lui permettre de mieux former ses cadres (et ceux du judo) que le container apportera aussi du matériel informatique pour monter la salle multimédia qui lui fait tant défaut. En parallèle, la Coopération Française finance les formations de tous les enseignants à l’utilisation du matériel et permettra aussi la formation des dirigeants des fédérations du pays.


Arrivée du container au Tchad

L'armée française s'engage

Après un long périple en bateau dans son container SDV, tout le matériel récolté est arrivé le 15 avril à N'Djamena, capitale du Tchad. L'entrepôt prêté par notre partenaire, l'ambassade de France, grâce au soutien sans faille de Patrick Bonfils, déborde de dons. II a fallu plus d'une semaine pour en faire l'inventaire. La première distribution concerne la ville d'Abéché dans le nord est. 50 tatamis vont être livrés par les militaires français de la base Épervier. Un beau geste de l'armée française qui nous permet donc de développer notre sport dans une zone où il y a beaucoup de camps de réfugiés et de population déplacée à cause des conflits du Darfour tout proche.



Tournoi International de la Ville de N'Djamena

Le mariage du sport et l'éducation!

35°C, la ville de N'Djamena s'éveille sous un soleil de plomb. La poussière emplit les rues de la capitale tchadienne. Tôt le matin, les judokas venus participer à la 2e édition du Tournoi International de la ville de N'Djamena se soucient pourtant peu des conditions climatiques. Ils sont déjà concentrés sur la compétition à venir. Organisé par la Fédération Tchadienne de Judo emmenée par son dynamique président, Abakar Djerma, le tournoi commence à acquérir une certaine renommée dans la région et il représente surtout un excellent exercice pratique pour tout le comité d'organisation qui travaille depuis de nombreuses semaines pour en assurer la réussite. Ce type de compétitions est en effet important pour des fédérations qui ont souvent des problèmes logistiques et financiers, et cela afin d'acquérir l'expérience nécessaire pour ensuite participer aux niveaux sportifs supérieurs (rencontres continentales et internationales). Les résultats obtenus par la fédération Tchadienne illustrent parfaitement le travail entrepris depuis quelques années par son équipe dirigeante ainsi que par son équipe pédagogique. En effet, deux de ses judoka ont désormais intégré le centre de préparation olympique de Alger, grâce aux résultats qu'ils ont tout d'abord obtenus localement avant de s'illustrer au niveau Africain. La jeune Carine Ngarlemdana, avant d'intégrer le centre d'Alger soutenu et promu par la Fédération Internationale de Judo, a obtenu une très belle médaille de bronze lors des Championnats d'Afrique Junior l'an passé. Elle a désormais le rêve olympique en tête.

Au-delà des difficultés: développer une société plus juste

L'organisation d'un tel tournoi n'est pourtant pas chose aisée. Les moyens financiers et logistiques manquent et les délégations étrangères ont des difficultés à se déplacer. Pourtant outre la volonté de bien faire qui est présente à l'évidence, un certain savoir faire apparait déjà cette année, pour cette deuxième édition. Au-delà de la dimension sportive du tournoi qui est importante, cette manifestation permet de donner un fantastique coup de projecteur sur la politique de développement du judo dans toute la région. Le potentiel existe en Afrique et ici particulièrement, mais il demande encore à être transformé en réalité et en places d'honneur significatives au niveau international. Aujourd'hui la fédération Tchadienne a pris le problème à bras-le-corps. Elle a des ambitions et les affiche. Si ces ambitions sont bien entendu sportives, elle sont aussi éducatives avant tout. Pour avoir les moyens de ses ambitions, elle doit dégager des moyens financiers et logistiques, mais elle doit aussi miser sur le développement de la pratique à travers le pays. Le judo commence à avoir un certain retentissement médiatique au Tchad et ce n'est pas Nicolas Messner, Directeur Média et Communication de la FIJ et chef de projet Turikumwe, qui le démentira. Présent à N'Djamena, il a pu s'entretenir avec une trentaine de représentants de la presse nationale (TV, radio, presse écrite) qui ont montré un intérêt certain au développement du judo et qui ont énormément apprécié que la FIJ viennent les rencontrer directement et leur explique concrètement ce qu'était le judo et de quelle manière il pouvait aider au développement d'une société plus juste.


Le judo est une activité différente

Pendant que les combattants se livraient avec force et respect sur le tatami, les discussions et les échanges s'intensifiaient pour expliquer, expliquer encore et encore à quel point le judo était une activité différente de n'importe qu'elle autre sport et ce message passe bien. Il passe bien au niveau des dirigeants, des judokas bien entendu et des média, ce qui dans l'optique du développement de la pratique est indispensable. Dans le même temps, le container, parti de Strasbourg en France début janvier, poursuit son chemin et devrait bientôt arriver dans la capitale du pays avec à son bord plusieurs tonnes d'équipements, parmi lesquels des tatamis, des judogi mais également des ordinateurs et des ouvrages scolaires pour équiper des écoles. C'est aussi à cela que sert le judo. Cet envoi s'inscrit dans le cadre des programmes Judo for Peace de la Fédération Internationale de Judo et bien entendu dans le cadre de nos actions Turukumwe désormais à l'extérieur du Burundi. Une partie de ce matériel sera entre autre acheminée dans l'est du pays, dans la région d'Abéché et permettra un essor du judo dans une zone très touchée par les conflits régionaux. L'envoi de ce premier container au Tchad a été rendu possible grâce au soutien actif de la coopération française et l'engagement personnel de Patrick Bonfils, Assistant Technique de la Coopération Française, Conseiller du Ministre de la Culture, de la Jeunesse et des Sports, mais également grâce à l'appui logistique et financier de l'armée française et de la société de transport SDV, illustrant parfaitement la synergie qui doit et peut se mettre en place pour obtenir des résultats concrets et utiles sur le terrain. Dans les jours qui ont précédé le tournoi, Frédéric Barthélémy, membre de la Commission Judo for Peace et également chef de projet Turikumwe, avait encadré un stage technique avec l'équipe nationale tchadienne tandis que Hedi Mhirsi, Président de la Fédération Tunisienne de Judo et membre de la Direction de l'arbitrage de l'Union Africaine de Judo, dirigeait un stage important de formation des arbitres. Le développement du judo au Tchad mais également dans une grande partie de l'Afrique a un prix, le secrétaire général de l'Union Africaine de Judo, André Angwe, également présent au Tchad pendant le week-end ne le démentira pas : il faut assurer une cohérence de l'ensemble du système, promouvoir le judo au travers de manifestations fédératrices et garantir un enseignement et une formation de qualité. Ce travail est en cours, grâce au soutien de tous.



Du matériel à Korbol

La ville de korbol est le chef lieu de la sous-préfecture de korbol. Elle fut une zone de conflit pendant plus de 5 ans. Abakar Djermah, Président de la Fédération Tchadienne de Judo a été élu président de l'OJCK (Organisation des Jeunes du Canton Korbol) depuis avril 2008 et il oeuvre pour le développement du Canton. En raison du conflit, il n'y toujours pas d'eau potable dans le canton qui regroupe 27 villages. L'école, le CEG et le Lycée sont construits et reconstruits chaque année en paille sèche. Les établissements font face à une absence total de manuels scolaires, de bancs, de tableaux... L'association prend en charge chaque année des enseignants bénévoles du primaire au secondaire. Une partie du matériel envoyé dans le container a d'ores et déjà été acheminé sur place.



Grandes échéances

Le judo tchadien se trouve face à de grandes échéances où il devra montrer ses capacités à aligner des combattants de niveau international. En mars 2011, la fédération organise pour la deuxième fois le Tournoi International de la Ville de N’Djamena (TIVI N’DJAM). Cette rencontre regroupe les judokas des pays de la zone Afrique centrale. Ensuite l’heure de vérité se fera aux jeux de la CEN-SAD qui vont regrouper les 28 pays du pourtour du sahara. En effet la discipline a été retenue et permettra donc de promouvoir plus efficacement le judo dans plus de la moitié de l’Afrique (voir carte). La fédération a commencé sa préparation et compte placer ses combattants dans les premières places de ses échéances continentales.


Les pays de la CEN-SAD (en vert)

Le Tchad

Langue officielle : Français, Arabe Capitale : Ndjamena 512,110°N, 15,050°E° Forme de l’État : République Superficie totale : 1 284 000 km2 Population totale (2009) : 11 274 106 hab. Densité : 8,8 hab./km2 Indépendance : 11 août 1960



Premier pas

Séjour février/mars 2010

Dans la foulée du séminaire Judo for Peace de Bujumbura (octobre 2009), Frédéric Barthélémy part pendant une semaine au Tchad pour une première prise de contact et une première évaluation des potentialités du programme. A cheval sur février et mars 2010, il encadre d'une part un stage technique et pédagogique à N'Djamena, et d'autre part, soutient la fédération dans sa volonté d'organiser le premier tournoi international de judo de la ville de N'Djamena. Ce séjour donne également la possibilité à Frédéric de rencontrer les autorités du pays et la représentation diplomatique française au Tchad. Dans un pays malmené par des années de crise et soumis à des mouvements de réfugiés incessants, les discussions s'orientent rapidement vers la mise en place d'un projet de développement par le judo dans la zone d'Abéché, à l'est du pays. Se projet est en voie de se concrétiser avec l'envoi prochain d'un container de matériel, au départ de Strasbourg, dans les semaines à venir.

© CACI | Webmaster | Mentions Légales | Créé et offert by 2exVia avec MasterEdit® | Graphisme Nico Messner